Pierre de foudre
Pierre de foudre
Anonyme
Environ - 3500 av. J.-C.
Remploi au xviiie siècle
Roche blanche
9 x 5 x 4 cm
Trouvée dans une maison du nord de la France
Archives de l’Antre-Cave
Inv. 1892.944-814
Depuis la période néolithique (9 000 – 3 300 av. J.-C.) et encore pendant l’Antiquité, les haches en pierre polie étaient associées à l’arme double des divinités foudroyantes (Thor, Zeus, Jupiter, Indra, Taranis etc.). Une croyance s’installa selon laquelle la foudre apparait lorsque les dieux du tonnerre lancent leur arme à travers le ciel. Au Moyen Âge, la plupart de ces mythologies sont remplacées par des religions monothéistes, mais l’association hache en pierre / foudre demeure. En raison de leur aspect parfaitement lisse, on attribuait à ces pierres une origine céleste, à défaut d’être divine, et pensait qu'elles se trouvaient à l’endroit où la foudre frappe le sol. À partir de la Renaissance, elles sont régulièrement mentionnées dans les ouvrages scientifiques et considérées, partout en Europe, comme des pierres précieuses et de puissantes amulettes de protection contre la foudre. On les trouve sous différentes appellations : céraunie (du grec keraunos, c’est à dire « foudre »), Donnerstein (pierre de tonnerre) ou Straalhammer (marteau de foudre) en allemand, peyre de prigle (pierre de tonnerre) dans la région de Dax, même Shakespeare évoque des thunderstones dans sa pièce Cimbeline.
Lorsqu’une de ces pierres était trouvée dans les champs, on la conservait précieusement avant de la remployer dans les constructions. Il était courant de les enterrer sous les pas de porte des habitations ou des étables pour éviter qu’elles soient touchées par la foudre et détruites par l’incendie. La pierre de foudre présentée ici a été retrouvée sous l’âtre dans une ancienne maison du nord de la France bâtie au xviiie siècle. On l’avait probablement placée à cet endroit précis pour éviter que la foudre globulaire ne s’introduise dans la maison par la cheminée. Elle protège désormais les archives de l’Antre-Cave pour lesquelles un incendie serait fort dommageable.
Cette pratique, qui s’étendait même aux constructions navales, était encore vivace en France dans la première moitié du xxe siècle. Pour protéger leur cheptel, de nombreux bergers suspendaient une de ces pierres à la sonnette de la brebis principale, celle qui guidait le troupeau. D’autres encore emportaient avec eux une trousse de soins, composée de diverses pierres magiques, et qui contenait au moins un fragment de hache en pierre polie.
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